Un patrimoine mode exhumé : 8 décennies de création

Loïc Prigent, chroniqueur mode acclamé pour son regard affûté sur les coulisses du luxe, a eu accès aux archives confidentielles de Balmain – des croquis originaux aux robes iconiques ayant habillé les stars des années 1950 aux défilés contemporains. Le documentaire met en lumière des pièces rares, comme la robe Jolie Madame (1952), symbole du style « Jolie laide » cher à Pierre Balmain, ou les tenues futuristes d’Olivier Rousteing qui ont redéfini la silhouette Balmain au XXIe siècle.

Ces archives, souvent conservées dans l’ombre des ateliers du 44 rue François 1er, témoignent d’une continuité créative où chaque directeur artistique a su réinterpréter l’héritage sans le trahir. Une approche qui rappelle comment le luxe parisien se réinvente constamment.

Le New French Style : entre héritage et réinvention

Au-delà de l’hommage rétrospectif, le film explore comment Balmain a incarné – et continue d’incarner – une certaine idée de l’élégance française. Pierre Balmain, formé chez Molyneux et Lucienne Lelong, avait imposé dès 1945 un style structuré mais sensuel, mêlant tailleur impeccable et drapés fluides. Aujourd’hui, sous la direction d’Olivier Rousteing, la maison perpétue cette dualité en y injectant une touche streetwear et une esthétique genderless, comme en attestent les dernières collections où le tailleur Baroque côtoie des silhouettes déconstruites.

Le documentaire révèle ainsi comment Balmain a su rester pertinente, oscillant entre respect des codes et transgression mesurée, une philosophie qui n’est pas sans rappeler l’audace des destinations secrètes du luxe qui osent bousculer les conventions.

Une immersion dans les ateliers : le luxe comme art de vivre

Loïc Prigent ne se contente pas de montrer les robes : il capture l’âme des ateliers. Les séquences tournées dans les couloirs du siège parisien, où les petites mains s’affairent sur des broderies Lalique ou des boutons en cornoz à la main, rappellent que le luxe Balmain repose sur un savoir-faire artisanal préservé. On y découvre aussi les petits secrets de la maison, comme l’usage exclusif de la soie Balmain Blue – un bleu nuit profond teinté selon une recette inchangée depuis 1947 – ou la technique de plissage accordéon brevetée dans les années 1960.