Meditheria 2024 : l’artisanat méditerranéen s’expose au Yacht Club de Monaco
Le Yacht Club de Monaco a accueilli la première édition de Meditheria, un événement inédit où six maisons de création ont révélé leur vision d’un luxe méditerranéen, alliant héritage artisanal et exigences contemporaines. Entre soie de Calabre, céramique de Sicile et broderies d’or, cette manifestation a confirmé l’émergence d’une nouvelle scène créative, profondément ancrée dans les savoir-faire locaux.
Six créateurs, une même quête d’excellence
Sous l’impulsion de l’agence Morpheus, Meditheria a réuni des talents aux univers distincts mais unis par une philosophie commune : la réinvention des traditions. Parmi eux, Atelier Biagetti a présenté des pièces en soie teintée aux pigments naturels de la Riviera, tandis que Ceramica Francesco a exposé des vassaux en grès émaillé, inspirés des motifs byzantins de Palerme. Chaque création, limitée à quelques exemplaires, témoignait d’un processus de fabrication méticuleux, souvent transmis depuis plusieurs générations.
Les matières premières, sourcées dans un rayon de 300 km autour de la Méditerranée, ont été mises à l’honneur : cuir de Cordoue tanné au végétal, lin de Provence filé à la main, ou encore corail rouge de Sardaigne, serti dans des bijoux uniques. Un parti pris qui séduit une clientèle en quête d’authenticité et de traçabilité, sans compromis sur l’esthétique.
Une scénographie immersive, entre terre et mer
Le choix du Yacht Club de Monaco n’est pas anodin. L’architecture signée Norman Foster, avec ses lignes épurées et ses baies vitrées ouvrant sur la Grande Bleue, a servi d’écrin aux collections. Les défilés se sont enchaînés sur une passerelle en teck, entourée d’installations olfactives diffusant des essences de citronnier, de figuier et de romarin – une signature sensorielle imaginée par le parfumeur Nicolas de Barry.
L’éclairage, étudié pour mettre en valeur les textures, a été confié à l’atelier Lumière Noire, spécialiste des projets muséaux. Résultat : une ambiance à la fois théâtrale et intimiste, où chaque détail renforçait l’émotion des pièces présentées. « Nous voulions créer un dialogue entre le luxe et la Méditerranée, sans folklore ni clichés », explique Élodie Morpheus, fondatrice de l’agence éponyme.
L’avènement d’un luxe « rooted »
Meditheria s’inscrit dans une tendance plus large : celle d’un luxe **« rooted »**, où l’ancrage territorial devient un gage de singularité. Contrairement aux géants du secteur, ces créateurs misent sur des séries ultra-limitées (parfois des pièces uniques) et des prix reflétant un temps de travail artisanal – entre 2 000 € pour une robe en soie brodée et 15 000 € pour une table basse en marbre de Carrare incrustée de nacre.
L’événement a également été l’occasion d’annoncer la création d’un label « Méditerranée », en partenariat avec la Fondation Prince Albert II. Ce certificat, attribué après audit, garantira aux clients l’origine locale des matières et des savoir-faire. Une initiative qui pourrait bien redéfinir les standards du luxe responsable.

